"Elle naîtra sans vie": un couple gersois veut offrir des funérailles à son 6e enfant condamné par la maladie

  • Amélie et Renald Sement sont parents de 5 enfants et vivent à Beaumarchés.
    Amélie et Renald Sement sont parents de 5 enfants et vivent à Beaumarchés. DDM - Séléna Rossé
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Séléna Rossé

l'essentiel Un couple gersois affronte une situation douloureuse : honorer la mémoire de leur fille à naître, baptisée Lyzon, condamnée par une grave pathologie. Amélie Sement, mère au foyer de 40 ans, se bat pour lui offrir des funérailles "dignes de ce nom" en ouvrant une cagnotte en ligne. Rencontre.

Au cœur du Gers, à Beaumarchés, la famille Sement fait actuellement face à une douloureuse épreuve. Amélie, 40 ans, mère au foyer, et son mari Renald, 47 ans, ancien secouriste, avec leurs 5 enfants, sont confrontés à la perte imminente de leur petite fille à naître, baptisée Lyzon.

Dès le début de la grossesse, les Sement ont été confrontés à une série de mauvaises nouvelles. Une malformation cardiaque avait notamment été détectée. Après plusieurs autres examens complémentaires, "les médecins ont découvert un retard de croissance, une atrésie œsophagienne et la trisomie 18, une condition rare et incurable qui concerne 4 grossesses sur 10 000", explique Amélie Sement.

Une pathologie rare

Cette maladie rare, découverte grâce à une amniocentèse, est très peu connue du grand public. "Avant que ma fille soit touchée par la trisomie 18, je n’en connaissais pas l’existence, avoue la mère au foyer, personne de mon entourage n’en a entendu parler."

La mère au foyer de 40 ans, bouleversée, a du mal à se rendre compte : "Dans mon ventre, elle semble aller bien, elle est en vie." Face à cette grave maladie, Amélie et Renald ont pris la difficile décision d’une interruption médicale de grossesse (IMG), entre la 31e et 32e semaine de grossesse.

"Certains me disent que ce n’est encore qu’un fœtus et que je vais m’en remettre facilement, mais c’est faux. J’aime ma fille au même titre que mes autres enfants", affirme Amélie Sement.

Des funérailles non prises en charge

La douleur des Sement est exacerbée par les problèmes pratiques auxquels ils sont confrontés. Les funérailles de Lyzon, nécessaires pour la famille, représentent un fardeau financier considérable. En effet, les fonds de secours habituels se révèlent indisponibles. "Notre assurance et notre mutuelle ne prendront pas en charge ses obsèques car du fait de l’IMG, elle naîtra sans vie", explique la mère de famille.

Ne trouvant pas de solution, la famille Sement a donc lancé un appel à la générosité et à l’entraide des Gersois et des habitants de la région pour les aider à financer ces funérailles. Une cagnotte Leetchi a été lancée, et des démarches auprès de la mairie ainsi que de la boulangerie locale de Beaumarchés ont été entreprises pour solliciter le soutien de la communauté.

Lenteur administrative

Amélie Sement navigue dans un océan d’incertitudes administratives : "On essaye de tenir bon parce qu’on a 5 enfants mais c’est dur." Entre la "paperasse interminable" et les délais rallongés pour obtenir des rendez-vous, elle se surprend à remettre en question son choix : "Je me dis, pourquoi m’infliger tout ça au point où on en est…"

Face à l’ampleur des obstacles, l’idée d’un soutien psychologique émerge. Mais Amélie rejette cette option : "Je ne veux pas faire un suivi psychologique parce que ça ne marche pas sur moi. Je ne me confie jamais, le psychologue ne me sert pas à grand-chose".

Elle trouve finalement son réconfort dans sa propre famille : "Mon soutien psy, ce sont mes enfants et mon mari", conclut-elle.