RETRO. Il y a 30 ans, Ayrton Senna, le génie crucifié au printemps

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  • Ayrton Senna, à jamais le plus éblouissant
    Ayrton Senna, à jamais le plus éblouissant DR - Facebook Fan Senna
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Patrick Louis

l'essentiel Il venait de quitter McLaren pour Williams-Renault. Il n’aimait pas sa nouvelle voiture, il a quand même signé trois pole sur ses trois dernières courses mais la mort attendait Ayrton Senna au tournant insignifiant de Tamburello.

La mort ne touche pas les anges. Ils volent trop haut pour elle. Elle peut quand même leur brûler les ailes et les clouer au ciel pour l’éternité. Il y a 30 ans, le 1er mai 1994, à 14 h 17 sur le circuit d’Imola, la Williams-Renault d’Ayrton Senna quitte sa trajectoire pour s’écraser dans le mur de béton de Tamburello. La tentative de freinage désespérée du Brésilien n’a pas adouci le choc. La course, neutralisée un peu plus tôt après l’accident de Pedro Lamy, s’arrête de nouveau dans un climat étouffant. Le vendredi, Rubens Barichello avait été miraculé dans sa Jordan après deux effroyables tonneaux. Le samedi, l’Autrichien Roland Ratzenberger n’avait pas eu cette chance, tué sur le coup en qualifications au volant de l’inquiétante Simtek ! Senna, très concerné, en larmes puis déterminé à faire bouger les choses avait aussitôt insisté pour évoquer la question de la sécurité, avec Niki Lauda notamment, puis Alain Prost.

"J’ai pensé que son âme s’en allait…"

Comme lors des deux premiers rendez-vous de la saison Michaël Schumacher, dans la boîte de Senna juste avant le crash, s’impose dans l’indifférence.Tout le monde, au sens propre, espère des nouvelles rassurantes de l’hôpital Maggiore de Bologne où le triple champion a été héliporté. Elles ne tomberont jamais. Le docteur Maria-Teresa Fiandri annonce à 18 heures que l’encéphalogramme du blessé est plat. Son décès est officialisé à 18 h 40.

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La planète sport est en deuil. Le professeur Sid Watkins, neurochirurgien au plus près des drames de ce week-end maudit, accompagnera le départ de son ami avec cette phrase. « Je ne suis pas religieux, mais quand je l’ai vu soupirer et que son corps s’est détendu, j’ai pensé que son âme s’en allait… »
L’irréparable s’est produit au début du troisième Grand Prix d’une saison que le bel Ayrton rêvait de survoler. Après la retraite de Prost, quatrième titre en poche, il venait de rejoindre l’écurie Williams mais n’avait pas, c’est peu dire, trouvé le feeling avec la FW16 qu’il partageait avec Damon Hill.

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Retour sur le Grand Prix d’ouverture, son ultime « récital » au Brésil, sur « son » tracé d’Interlagos à São Paulo, théâtre d’inquiétants auspices. Ce virage de Junção, sur le « José-Carlos Pace », Ayrton l’a passé des milliers de fois. Il est dessiné à la fin du circuit et engage la montée vers Arquibancadas et la ligne droite des stands. Ce 27 mars, alors qu’il se bat avec le jeune Schumacher devenu un vrai rival aux commandes d’une Benetton-Ford soupçonnée de ne pas être réglementaire, le Brésilien boucle le 56e tour quand l’impensable se produit. On voit sa monoplace partir en tête à queue et s’immobiliser. Il en sort, c’est l’abandon. Au même moment, la moitié des spectateurs quitte le site sans une pensée pour un autre compatriote « Rubinho » Barichello qui se bat pour le podium ! Au sommet de la « Sennamania », le peuple pauliste ne peut accepter l’affront. Pas ici…

Le troublant message à Alain Prost

Depuis qu’il a découvert sa nouvelle auto, venu de chez McLaren, le héros adulé traîne ses doutes. Il ne s’en cache pas et l’a répété juste avant Interlagos. La FW16 lui ment un peu, l’inquiète beaucoup. Elle refuse de lui donner les garanties d’un mariage heureux. Mal à l’aise, il signe quand même les trois dernières pole positions de son existence, au Brésil, au Japon et à Imola.

Partout sur la planète, l’hymne de ce printemps pleuré par Springsteen colle trop bien à ces heures déchirantes. « La nuit est tombée, je suis éveillé, je peux me sentir disparaître… » « Streets of Philadelphia » ne parle pas de course automobile mais de mort et de vie. Celle d’Ayrton Senna da Silva, « Magic » pour toute une génération, n’a duré que 34 ans, 99 jours et quelques heures. Pourtant son cœur n’a jamais arrêté de battre.

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Depuis des millénaires, les petites phrases accompagnent les grandes histoires et les grandes rivalités qui les accompagnent. Juste avant le dernier départ d’Ayrton Senna en Italie, TF1 a diffusé un enregistrement effectué un peu plus tôt dans le week-end alors que le Brésilien prenait la piste. « Et pour commencer, un bonjour à notre ami Alain. Tu me manques Alain ! » lâche-t-il à la radio à son adversaire devenu consultant. Le duel entre les deux hommes a divisé le public durant des années. On ne pouvait à la fois aimer Prost et Senna. Il fallait choisir son camp. « I miss you Alain… » I miss you Ayrton.
Patrick Louis

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Les commentaires (2)
Trucky2022 Il y a 15 jours Le 01/05/2024 à 11:10

Vroum vroum, ça n'amuse que les gosses et ça pollue !!!

SaintLary Il y a 15 jours Le 01/05/2024 à 08:54

Depuis Ayrton j'ai arrêté de regarder la F1 ...