ENTRETIEN. "Les panneaux solaires remboursés par l’État ou accessibles à 1 euro, ça n’existe pas", avertit Luka Payras spécialiste du marché

  • Luka Payras juge que le secteur du solaire n’est pas en perte de vitesse en France. Luka Payras juge que le secteur du solaire n’est pas en perte de vitesse en France.
    Luka Payras juge que le secteur du solaire n’est pas en perte de vitesse en France. - DR
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Recueilli par Yohan Lemaire

l'essentiel Luka Payras revient pour La Dépêche du Midi sur le marché du solaire en France. La spécialiste des questions énergétiques chez Selectra livre également quelques conseils et tente d’éclairer sur les arnaques les plus courantes.

Le secteur du solaire semble ralentir en France. Vous le confirmez ?

Il n’y a pas un gros ralentissement du marché. Par rapport à l’an dernier à la même période, il y a 15 % d’installations en plus. En revanche, il y a une accaparation du marché par les acteurs chinois. Les producteurs de panneaux solaires français sont assez mal positionnés au niveau des prix. En fait, c’est le marché de production qui est en baisse.

Peut-on avoir confiance envers les produits chinois ?

La qualité chinoise est bonne. Là où ils sont très compétitifs c’est qu’ils se sont rendus compte assez rapidement que la demande allait croître avec la hausse des prix de l’électricité. Ils ont installé deux fois plus d’usine que ce qui est actuellement nécessaire. Ils ont un peu surestimé la demande, mais du coup ils ont une offre qui largement excédente. Aujourd’hui on assiste à une sorte de "dumping" sur le marché. Là où les Américains ont subventionné la production de panneaux solaires, ce n’est pas encore le cas en France. Il n’est pas rare de voir un prix de vente inférieur aux coûts de fabrication. Il existe une vraie opportunuité pour les particuliers d’installer des panneaux solaires car les prix baissent fortement, plus de 25 % depuis 2023.

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Si vous deviez donner des conseils à une personne souhaitant installer des panneaux solaires, quels seraient-ils ?

Dans un premier temps, il faut faire appel à des artisans qualifiés RGE de panneaux solaires. Il faut connaître sa puissance en kilowattheure que l’on consomme à l’année. Ça semble assez logique, mais il faut toujours se diriger vers des sites fiables. Il faut également bien se fier au rendement de ces panneaux solaires. C’est de l’ordre de 14 % pour les moins bons et 26 % pour les plus efficaces, l’idée étant d’avoir le meilleur.

Les mini panneaux solaires ont explosé sur les balcons d’appartement. Servent-ils réellement à quelque chose ?

Oui, ça sert à beaucoup de chose ! Généralement c’est pour combler le talon de consommation et c’est déjà pas mal. Certains peuvent couvrir jusqu’à 80 % des besoins en électricité d’un foyer d’un couple avec un enfant par exemple. C’est rentable à partir de 8 ans environ.

Le produit est crée pour tenir autant ?

Oui, largement. La garantie sur ce type de panneaux solaires est d’au moins une dizaine d’années. Pour les plus imposants qui sont sur les toits des maisons, on oscille entre 20 et 40 ans.

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Peut-on toujours revendre son surplus ?

On peut, mais les prix ont baissé. Pour les installations de moins de 9 kilowatt-crête (kWc), le tarif de rachat est de 0,13 centimes d’euros par kilowattheure (kWh). Personne ne va tirer un grand bénéfice en revendant ce surplus à l’État.

Existe-t-il une grande différence selon la région dans laquelle on vit ?

Forcément… Par exemple, à Nice, vous pouvez faire environ 80 % d’économie. En revanche quand vous êtes à Lens, on ne comptera que 30 % environ.

De nombreuses arnaques sont apparues ces derniers mois. Quelles sont-elles et comment les éviter ?

Les arnaques les plus courantes concernent le plus souvent des devis exhorbitants. Si on vous propose un devis à 5 chiffre, ce n’est pas possible. Au contraire, un devis à moins de 2000 euros, pour une vraie installation sur un toit d’une maison, ça n’existe pas. Le prix est un premier indicateur. Ensuite il faut se méfier des installateurs qui se vantent d’un seuil de rentabilité inférieur à 8 ans. En général, ce seuil se situe entre 10 et 15 ans. Il faut également rappeler que le démarchage téléphonique est interdit depuis 2020 sur la rénovation énergétique. Il faut faire attention aux aides ou les arnaques liés au financement. S’il y a des annonces de panneaux solaires remboursés à 100 % par l’État, accessible à 1 euro… C’est bien évidemment faux, ça n’existe pas. De même, la rentabilité à 100 % est une invention.

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