TEMOIGNAGES. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : "guerre civile", barrages, pillages… Des habitants racontent le chaos de Nouméa

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l'essentiel L’état d’urgence a été déclaré en Nouvelle-Calédonie en raison de violentes émeutes qui ont déjà fait plusieurs morts, dont deux gendarmes, depuis le début de la semaine. Plusieurs habitants de Nouméa, la capitale, témoignent de leur crainte au quotidien. Entre mise en place de barrages sauvages et milices improvisées, les Nouméens s’organisent.

La situation est toujours sous tension à Nouméa. Depuis le début de la semaine, de violentes émeutes font rage dans la capitale de la Nouvelle-Calédonie, sur fond de réforme électorale contestée. Jeudi soir, les habitants ont entamé une quatrième nuit consécutive sous les tirs et les incendies, alors que le bilan faisait état de cinq morts, dont deux gendarmes. Dans ce climat de violence extrême, les habitants oscillent entre sentiment de peur et envie de se défendre.

"Nous resterons en position"

C’est le cas notamment de Chantal, 58 ans, habitante de Nouméa : "On s’est regroupés entre voisins afin de sécuriser notre quartier. On était environ une centaine et nous avons décidé de mettre en place des barricades. Hier, on s’est positionnés à partir de 17 heures sur les barrages et jusqu’à 4 heures du matin" raconte-t-elle à La Dépêche.

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Ces méthodes quasi-militaires déployées par la population ne sont pas vraiment du goût de Louis Le Franc, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie. "Ne constituez pas de milices armées contre ceux qui pillent et qui brûlent ", a demandé le représentant de l’État dans l’archipel du Pacifique Sud.

Des barrages ont été érigés par des résidents de quartiers qui craignent les pillages et les incendies de leurs maisons.
Des barrages ont été érigés par des résidents de quartiers qui craignent les pillages et les incendies de leurs maisons. AFP - DELPHINE MAYEUR

Des déclarations qui ne passent pas pour Chantal. "C’est lui qui a établi un couvre-feu beaucoup trop tard et désormais il nous demande de ne pas nous défendre ? Ce monsieur n’a pas les épaules assez larges pour ce type d’événement. Tant que l’armée ne sera pas arrivée dans les quartiers, nous resterons en position."

Finalement, la nuit passée a été plutôt calme dans le pâté de maisons de la quinquagénaire. Elle assure cependant que "ça a été chaud dans d’autres quartiers. Des supermarchés ont encore été brûlés et pillés".

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Face à ce déferlement de violence, le président de la République Emmanuel Macron a, mercredi, décrété l’état d’urgence. Une décision qui rassure Chantal, qui espère que l’arrivée des forces militaires permettra de stabiliser la situation. En attendant, elle ne va plus au travail, "trop dangereux".

Barrages filtrants

Aurélien quant à lui continue d’aller travailler tous les jours, malgré la situation. Ce cuisinier de 42 ans, gérant d’un restaurant de Nouméa, continue de produire ses plats. "On fait de la vente à emporter et nous avons beaucoup de monde car tous les magasins sont fermés ou ont été pillés. De même pour les traiteurs. Il y a donc beaucoup de demande. La police nous a même passé une commande de 200 à 300 repas."

Des habitants de Nouméa faisant la queue devant un supermarché le 16 mai 2024, alors que des émeutes font rage dans la ville.
Des habitants de Nouméa faisant la queue devant un supermarché le 16 mai 2024, alors que des émeutes font rage dans la ville. AFP - DELPHINE MAYEUR

Lorsqu’il a fini sa journée de travail, Aurélien se réfugie chez sa compagne le soir, dans l’un "des beaux quartiers de Nouméa", plus calme. Comme Chantal, lui aussi raconte l’installation de barrages par les habitants : "Il y en a un environ tous les cent mètres ! Les gens se regroupent autour et filtrent les passages des voitures. On n’a pas vu un camion de police ou militaire passer, on est livré à nous-même et tout ça prend honnêtement des allures de guerre civile…"

"Les conséquences économiques et sociales vont être désastreuses"

Et si l’urgence et la crainte s’inscrivent pour l’instant dans le présent, certains habitants s’inquiètent déjà des répercussions futures : "Ils ont brisé l’économie du pays, ça mettra des années à se reconstruire, si c’est reconstruit… Les conséquences économiques et sociales vont être désastreuses", déplore Manon*, 27 ans, qui vit en Nouvelle-Calédonie depuis 12 ans. Les dégâts des émeutes sont en effet déjà évalués à 200 millions d’euros, a estimé jeudi le président de la CCI de Nouvelle-Calédonie.

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Les commentaires (26)
jp09 Il y a 14 jours Le 17/05/2024 à 19:43

Ça commence à bien faire,tout ces posts anti Français,
fait par des gens qui sont là que pour gratter des allocs

oyapock Il y a 14 jours Le 17/05/2024 à 16:54

Quand Isabelle la Catholique arme les caravelles de Christophe Colomb, elle n'omet pas d'insérer dans les cales à côté des vivres et de la poudre à canon, la Bible. L'expansion de toutes les grandes civilisations se sont faites avec le sabre et le goupillon. Des aventuriers aventureux, des guerriers valeureux qui adoraient en découdre et battre férocement les plus faibles, piller, saccager et violer dans une barbarie commune à toutes les guerres.

Toutes les civilisations colonisatrices ne peuvent assoir leur domination sur les peuples en n'utilisant uniquement la force et la terreur. Quand le sabre a parlé, au tour du goupillon d'entrer en scène avec la croix, les icônes, les accoutrements qui en imposent comme les coiffes et chapeaux que le pape François arbore encore aujourd'hui. La plupart des gens modernes et normalement éduqués trouvent tous ces artifices religieux d'un ridicule achevé.

Cela est sans compter avec les religions prometteuses de paradis éternel qui en imposent tous les jours un peu plus. La vieille Europe dominatrice n'éclaire plus grand monde et malgré le nombre de prix Nobel, d'inventions en tous genres, d'une culture que nous pensions riche, les peuples autrefois colonisés nous livrent aux gémonies et nous haïssent. Ils soufflent sur les braises qui animent toutes les rebellions capables de renverser le vieux pouvoir de l'Angleterre, du Portugal, de l'Espagne, de la Belgique, de la Hollande et bien sûr de la France.

Les kanakes sont chez eux comme les Amérindiens sont chez eux dans les Amériques. Très peu se sont adaptés à la civilisation européenne et c'est là un terreau qui bien arrosé d'eau de feu et de drogues comme le crack, fait pousser la contestation, la violence et bien sûr le désordre. Pourtant, avec vote à l'appui, la Kanakie comme la Guyane, est restée rattachée à la France.

Cependant une question devrait nous turlupiner à défaut de nous chiffonner ; que fait l'Azerbaïdjan copine de Poutine dans cette affaire?

pragmatikemaipakeu Il y a 14 jours Le 17/05/2024 à 13:39



En métropole nous avons des mini Calédonie dispersées sur le territoire avec un forte concentration parfois... Je me demande comment il peut y avoir des gens pour manquer à ce point de lucidité!

le.fantome Il y a 14 jours Le 18/05/2024 à 06:54

Il y a une différence de taille. En Nouvelle-Calédonie, les Kanaks sont chez eux. En France, les fauteurs de trouble sont chez nous.