Crise de la psychiatrie à Toulouse : trois mois après les graves incidents aux urgences, où en est-on ?

Abonnés
  • Le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, entouré du préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, et du directeur du CHU de Toulouse, Jean-François Lefèvre, lors de sa visite aux urgences psychiatriques en février 2024.
    Le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, entouré du préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, et du directeur du CHU de Toulouse, Jean-François Lefèvre, lors de sa visite aux urgences psychiatriques en février 2024. DDM - LAURENT DARD
Publié le , mis à jour

l'essentiel Trois mois après deux agressions sexuelles et un suicide survenus en trois jours, les urgences psychiatriques du CHU de Toulouse ont-elles retrouvé de la sérénité ? Une feuille de route impliquant tous les acteurs de la filière est en cours d’élaboration. Le ministre délégué à la Santé est attendu.

Après les événements dramatiques survenus entre le 10 et le 14 février 2024 aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse (deux viols, un suicide), la situation s’est-elle améliorée ? Depuis trois mois, et dans la foulée d’une visite ministérielle très offensive, les différents acteurs de la psychiatrie en Haute-Garonne se réunissent toutes les semaines au sein d’un comité de suivi. Hôpitaux publics (CHU et Hôpital Gérard Marchant), cliniques privées, Agence régionale de santé (ARS Occitanie), syndicats et représentants des usagers travaillent ensemble à la rédaction d’une feuille de route dont l’ambition est aussi de proposer une nouvelle organisation de la psychiatrie dans le département.

A lire aussi : Crise de la psychiatrie à Toulouse : des lits supplémentaires ouverts dans le privé pour les soins sans consentement

A lire aussi : REPORTAGE. Viol et suicide au CHU Purpan : "Inacceptable" pour le ministre de la Santé en visite à Toulouse, une enquête lancée

En attendant la remise de ce projet au ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, qui a promis de revenir, des actions ont été mises en place pour soulager les urgences du CHU (11 000 passages par an) où l’absentéisme, en raison de l’épuisement du personnel, a touché jusqu’à 38 infirmières sur 58 juste après les événements de février.

Une "cellule territoriale de régulation", soit un dispositif renforcé de recherche de lits d’hospitalisation dans l’agglomération, a été activée. Chaque jour, les urgences psychiatriques du CHU de Toulouse ont besoin, en moyenne, de trouver 5 lits pour les soins sans consentement, 8 à 16 lits pour l’hospitalisation libre et un lit de pédopsychiatrie.

Une unité post-urgences de 8 lits

Depuis le 25 mars 2024, une unité post-urgences de huit lits est opérationnelle juste au-dessus des urgences psychiatriques. Elle permet d’y accueillir les patients évalués et en attente d’une place d’hospitalisation. "L’objectif est d’avoir prochainement quinze lits dans un lieu en dehors des urgences pour éviter d’y positionner des patients non cadrés. Une unité a été repérée au sein de l’hôpital Pierre-Paul Riquet, mais il nous faut encore recruter deux médecins pour assurer une permanence des soins 24h sur 24 et 7 jours sur 7", explique le Professeur Christophe Arbus, chef du pôle psychiatrie au CHU de Toulouse.

A lire aussi : Crise de la psychiatrie à Toulouse : "Aux urgences, la situation est redevenue respirable"

Résultat, "après la venue du directeur général de l’ARS et du ministre, la durée moyenne de séjour aux urgences est passée de 66 heures à 18 heures en hospitalisation libre. Les cliniques privées ont joué le jeu, nos collègues urgentistes aussi en accueillant des patients sur des lits de leur unité", rapporte le Pr Christophe Arbus qui relève cependant deux écueils : le manque de lits d’hospitalisation pour les mineurs et pour les soins sans consentement, "une filière très tendue malgré les lits supplémentaires ouverts à Beaupuy".

Un secteur avec Lavaur, des rendez-vous dans les 48 heures, traitement par électrochocs : les pistes

A lire aussi : "On ne s'en sort pas, il va nous falloir un coup de main énorme" : le Professeur Christophe Arbus demande une "révolution de la psychiatrie toulousaine"

Le comité de suivi a défini six axes dans sa feuille de route. "Il faut renforcer l’offre en ambulatoire, augmenter la capacité d’hospitalisation pour les patients sévères (une proposition se dessine avec l’hôpital de Lavaur dans le Tarn, membre du Groupement Hospitalier de Territoire), pouvoir proposer un rendez-vous dans les 48 heures pour les soins non programmés et limiter à 12 heures le passage aux urgences psychiatriques. Il faut également renforcer la pédopsychiatrie et organiser la filière de traitement par électrochocs (ECT : électroconvulsivothérapie) qui a prouvé son efficacité dans la dépression résistante, notamment chez les personnes âgées", détaille le Pr Christophe Arbus.

"Un coup de pouce ne suffira pas"

"Nous étions dans un contexte d’extrême tension, dénoncé depuis 5 ans par tous les acteurs de la psychiatrie : les moyens n’ont pas suivi la démographie de l’agglomération, il est impossible de prendre en charge correctement les patients. Un plan avait été présenté en 2019 au directeur général de l’ARS, avec, en parallèle, un projet territorial de santé mentale qui embarquait aussi le secteur médico-social. Une enveloppe d’un million d’euros a été débloquée à ce moment-là mais elle n’a pas été pérennisée en 2020 alors qu’on avait embauché des médecins. Nous sommes tous encore en ordre de marche, en train de faire une révolution nécessaire. Mais il faut nous donner des moyens, recruter, on parle de plusieurs millions d’euros. Un coup de pouce ne suffira pas… Je reste optimiste mais il faut que nos propositions soient suivies de faits", conclut le Pr Christophe Arbus.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
3€/mois
Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Toulouse

612 €

SANS FRAIS D'AGENCE - Quartier St Simon : à louer dans résidence neuve de s[...]

605 €

Location Toulouse - Grande rue Saint Michel. Dans un immeuble sécurisé situ[...]

581 €

2 place Alphonse Jourdain / Compans / Place de l'Europe : à louer dans rési[...]

Toutes les annonces immobilières de Toulouse
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
le_fantome Il y a 15 jours Le 17/05/2024 à 06:25

C'est grave, en effet. J'espère que les deux patients, au centre de la photo, parviendront à guérir.

ligne blanche Il y a 21 jours Le 11/05/2024 à 08:21

que la justice fasse bien son travail et tout va aller mieux moins de pétage de plomb