Ma commune dans 10 ans : à Auch, un futur pôle urbain en gestation avec la Caserne Espagne

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  • Le marché du jeudi, en basse-ville d’Auch, est appelé à intégrer la Caserne Espagne.
    Le marché du jeudi, en basse-ville d’Auch, est appelé à intégrer la Caserne Espagne. DDM - SEBASTIEN LAPEYRERE
Publié le
Marc Centene

l'essentiel Marché, centre de formation aux métiers de santé, habitats, espaces verts, commerces… La destinée de la caserne Espagne, à Auch, s’annonce multiple, et suscite beaucoup d’attentes.

Fabien, sous la halle Verdier à Auch, réorganise les légumes sur son étal, en ce jour de marché. « Le marché à la caserne Espagne ? J’ai 21 ans et j’en ai toujours entendu parler ! Ce serait mieux qu’ici, c’est certain ! » Beaucoup dans les allées sont de cet avis. « Nous, on vit à Auch et ce serait vraiment bien : là-bas, les commerçants auraient plus de place, il y a des parkings à côté, expliquent en chœur Nadine, Maryse et Michel, cabas à la main. Sans compter qu’avec le chemin des berges, on y va tranquillement et ça simplifiera la circulation dans la ville ! »

Les travaux se poursuivent dans l’ancien site militaire, déjà ouvert aux piétons et cyclistes.
Les travaux se poursuivent dans l’ancien site militaire, déjà ouvert aux piétons et cyclistes. DDM - SEBASTIEN LAPEYRERE

Si la relocalisation du marché du jeudi fait bien partie des prévisions, le futur de la caserne Espagne voit bien plus large. Au cœur de la ville, les 5,5 ha constituent une opportunité foncière inestimable pour la municipalité. Il a fallu du temps pour choisir le meilleur modèle d’acquisition, et s’assurer d’un projet cohérent, en dépit des difficultés que pose le plan de prévention des risques, qui classe en zone inondable une partie des terrains.

Un campus Santé

Aujourd’hui, deux grandes orientations se détachent pour cet ensemble qui s’étend sur les deux rives du Gers. L’ouverture de l’IFMS, l’institut de formation des métiers de la santé, marque la volonté commune de la ville, de la Région et d’acteurs privés, de voir émerger un véritable campus de la santé.

« Nous travaillons à la création d’ici 2 ans d’une centaine de logements, de salles de cours ou de commerces, dans les bâtiments situés sur la rive gauche, rue du 8-mai », explique Mathieu Lange, directeur financier à la Reviscolada. L’établissement est également partie prenante dans la mise en place de formations — ergothérapeutes, manipulateurs radio, préparateurs en pharmacie — à l’horizon 2026. L’âge et la structure des bâtiments contraignent à des études bien spécifiques, mais « les dossiers avancent normalement », assure Mathieu Lange.

Bâtir un écoquartier

L’autre axe de développement de l’ancienne friche vise à occuper les longs bâtiments de la rive droite, côté avenue de l’Yser. La CCI a déjà des vues sur l’un d’eux pour son nouveau siège. C’est également de ce côté du Gers que le marché du jeudi sera implanté. Le Greta compte s’installer dans le bâtiment qui borde la place d’armes vers l’avenue. Les locaux ont été nettoyés en prévision des travaux de réhabilitation.

Spectacle "Drop" au cœur de la Casrne Espagne lors du dernier festival CIRCa.
Spectacle "Drop" au cœur de la Casrne Espagne lors du dernier festival CIRCa. DDM - ARCHIVES BC

La caserne recèle aussi un 3e enjeu : ses espaces publics, près de 60 % du terrain. La municipalité entend bien faire la part belle aux déplacements doux — piétons et vélos — sur les deux rives. Le pont et les deux cours seront interdits aux voitures. L’environnement de cet écoquartier devrait faire l’objet d’un soin particulier. Pour le moment, il est livré aux pelles mécaniques pour quelques mois encore, le temps de remettre en état les réseaux.

Tout autour de la caserne, et jusqu’en cœur de ville, on suit avec intérêt l’évolution du site. Les ouvertures dans les murs de la caserne sont autant de passages pour de futurs chalands. Les locaux de l’avenue de l’Yser sont déjà visités par de futurs commerçants, comme ceux de l’ancienne pharmacie ou de l’Ehpad rénové. Place Porte-trompette, on attend avec impatience l’arrivée de toute une population, jeune et consommatrice. « J’ai l’espoir de voir ce quartier se peupler, et changer profondément tout le secteur », confie le coiffeur.

Dans la haute ville, les commerçants sont plus circonspects. « Ici, on se déplace facilement d’un point à l’autre. Alors, on attend de voir », confie l’employée d’une boutique. Un client est plus affirmatif : « Ça va recentrer le commerce sur un espace plus resserré. Et puis, ça va amener du monde en ville, ça va rajeunir ! »


Le Garros : "Un quartier enfin ouvert !"

Philippe vit au Garros depuis des années. La destruction des tours, le verdissement du quartier, et l’ouverture de nouvelles voies, constitue un véritable soulagement pour le retraité. « Il était temps ! C’était une horreur : des souricières, des impasses partout… On ne savait plus par où rentrer ou sortir. On se demande comment ils ont pu concevoir un quartier comme ça. »

L’opération de l’ANRU a déjà profondément transformé le quartier du Garros.
L’opération de l’ANRU a déjà profondément transformé le quartier du Garros. DDM - SEBASTIEN LAPEYRERE

L’opération de rénovation urbaine porte ses fruits. Les habitants retrouvent plaisir à vivre dans un quartier plus humain, sans les tours vétustes qui ont terni sa réputation. « J’aurais bien aimé qu’il y ait une crèche (désormais ouverte, NDLR) quand mes enfants étaient petits, s’amuse Noëlle. C’est bien pour les gens du quartier, on a le sentiment qu’on fait enfin attention à nous. On est des gens normaux, vous savez ! »

"Un vrai renouveau pour les commerces"

La place des fontaines et ses commerces décatis vont s’effacer. Le futur espace commercial, la nouvelle pharmacie, sont des signes positifs pour les habitants. « Ici, on a surtout des services publics comme le centre social, ou les associations, glisse Noëlle. Ça manque de personnes qui travaillent sur place. » Le gérant du supermarché attend lui aussi la fin du chantier. « Apporter de l’activité dans le quartier, c’est important, et aussi une autre image. Nous, on va végétaliser le toit, par exemple. J’espère un vrai renouveau pour les commerces. » Des services commerciaux, publics, mais aussi de santé, devraient rendre la vie du quartier plus agréable.

L’ANRU, l’agence nationale de la rénovation urbaine, a mis 73 M€ sur la table pour mener cette réhabilitation du Grand Garros à bien. Il faudra encore quelques années pour en voir la fin, mais Philippe savoure les changements : « C’était devenu un véritable ghetto. Là, on revit déjà ! »

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Les commentaires (5)
jeangourmet64 Il y a 14 jours Le 03/05/2024 à 09:15

Maire de gauche, président d'agglomération de gauche, maire des communes de l'agglomération de gauche, membres des conseils municipaux et communautaires de gauche, président et membres du département de gauche. On a ce qu'on mérite avec une politique de gauche et les résultats sont affligeants. Résultats le 10 juin, pas dans le Gers car les électeurs sont désespérants mais au niveau national

Dede974 Il y a 15 jours Le 02/05/2024 à 23:34

Effectivement, la polique du chaos qui vise à désengorger le quartier du garos en multipliant les logements sociaux dans le reste de la ville. Résultat, l'insécurité explose.
Objectif, la Seine saint denis, un vieux rêve de gauche et une grande réussite !!!

Lo mila diu mascat Il y a 15 jours Le 02/05/2024 à 11:19

Que va t'il falloir pour faire comprendre que la course à l'activité, notamment en bétonnant pour créer des zones (aéroport, Grand-Chêne, Narréoux...), est une impasse mortifère. Si ce système fonctionnait et avait un sens, notre pays serait le champion du monde de l'économie. Les seuls à qui ça rapporte, ce sont essentiellement les propriétaires des terrains et les promoteurs. Pour le reste, ce n'est pratiquement que du déplacement d'activité et de l'artificialisation. (Commentaire fait ici, car les commentaires ne sont pas possibles pour l'article sur le changement climatique...)