Pro D2 : " Le futur du SU Agen passera par la formation et le sentiment d’appartenance ", estiment Mathieu Lamoulie et Antoine Erbani

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  • Erbani – Lamoulie, deux noms qui résonnent fort au SU Agen.
    Erbani – Lamoulie, deux noms qui résonnent fort au SU Agen. DDM - DDM MORAD CHERCHARI
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l'essentiel Ce vendredi soir, contre Vannes, Mathieu Lamoulie et Antoine Erbani vont disupter leur dernier match avec le SU Agen. C’est l’heure de la prise de recul sur leurs carrières respectives et leur club de cœur.

Mathieu, vous serez peut-être le dernier joueur à avoir fait sa carrière dans un seul club. Est-ce une fierté au moment de raccrocher ?

Jamais, en commençant à 18 ans, je ne me serai dit que 16 ans plus tard, j’aurais fait 212 matches avec le SUA. C’est l’accomplissement d’un rêve de petit garçon. J’aurais pu partir, cela ne s’est pas fait. Je ne regrette rien. Je me dis que si je suis encore là aujourd’hui, c’est pour une bonne raison. Je pense aussi à tous les sacrifices pour en arriver là, de mes parents m’amenant de Casteljaloux à Agen après le lycée. Ils l’ont fait sans arrière-pensée. Ils m’ont permis d’alimenter ce rêve. Il s’est réalisé, c’est une fierté pour moi, et pour eux aussi j’imagine… Et c’est sûrement grâce à eux tout ça.

Avec le recul, n’avez-vous pas le regret d’avoir tenté une aventure ailleurs ?

Peut-être que je le regretterai plus tard. Mais à chaque fois que les opportunités se sont présentées, ce n’était pas le bon moment. En 2016 par exemple, mon petit venait d’arriver en janvier. Comment aurais-je réagi, tout seul à l’autre bout de la France, si ça se passait mal ? C’est peut-être cette proximité et ce confort familial qui m’ont permis de m’épanouir dans les deux rôles. Donc non, je ne regrette rien. Cette loyauté, c’est beau.

Antoine, au contraire, vous êtes parti à Pau puis Biarritz pour sortir zone de votre zone de confort. Aujourd’hui encore, vous pensez que c’était la bonne décision ?

Il le fallait. Je commençais à imploser. Je rentrais dans une routine de confort mais qui ne me convenait plus. On a tout le temps été Agen à fond, j’avais l’impression qu’il n’y avait que ça. Et c’était certainement le cas. Alors qu’il y avait d’autres choses à découvrir. C’est pour cela que je ne regrette absolument pas. Ça a été délicat sportivement, mais ce n’est qu’une petite partie de la réalité de mes années paloises et biarrote. C’est ce qui restera après le rugby.

À l’heure de raccrocher, y a-t-il aussi la fierté de s’être fait un prénom dans le rugby ?

Les gens ont toujours été bienveillants avec moi à ce niveau-là. Et puis, je ne me suis jamais mis trop de pression. J’ai tout le temps été lucide sur mon niveau, je savais très bien que je n’aurais pas les 40 sélections en équipe de France comme mon père. Je me suis toujours dit qu’il fallait que j’essaye de faire autrement. J’ai essayé de faire du Antoine tout au long de ma vie, et pas que dans le rugby. C’est important de se créer sa propre identité. Car à vouloir faire pareil, on n’est personne au final.

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Qu’est-ce qu’il va vous manquer lorsque vous ne serez plus rugbyman ?

Mathieu Lamoulie : Les matches, c’est ce qui se voit. Mais la semaine, du dimanche 9 heures au vendredi 23 heures, on est toujours ensemble. Les moments partagés, les regards. C’est plus cela qu’il va nous manquer. Les relations humaines qu’on a créées.

Antoine Erbani : Le privilège c’est ça. Faire la chose qu’on aime le plus au monde, être rémunéré pour cela en plus, et le faire en groupe. On en est profondément conscient. D’où la douleur pour tous les joueurs qui arrêtent le rugby. Ce sont des sensations qu’on n’a peu de chance de retrouver dans d’autres situations.

Durant la majorité de votre carrière à Agen, vous avez connu le club dans le top 20 français. Depuis le Covid, c’est plus compliqué. Comment expliquez-vous ce recul dans la hiérarchie du rugby français ?

Antoine Erbani : Déjà, on n’a pas la science infuse. Mais malgré tout, Agen reste une anomalie. Je ne parle pas de budget, mais ça reste une toute petite ville. Même si le club est légendaire, il faut se rendre à la réalité : c’est difficile de se réinventer au fil des années et de durer. Des clubs de cette stature sont tombés dans l’oubli. Comme dans la vie de tout club, il y a des moments très forts – qui sont lointains à Agen – des moments joyeux il y a quelques années, et là, des moments un peu plus difficiles. C’est un club immortel de toute façon. Il y aura des moments plus fastes sans aucun doute. Quand on est supporter du SUA, comme nous, il faut être capable de le supporter même dans les moments difficiles. C’est pour cela que je suis surpris, parfois, de voir la méchanceté qu’il peut y avoir sur l’institution.

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Le poids du passé est encore trop prégnant ?

Antoine Erbani : C’était il y a un moment maintenant. Mais il y a tendance à vivre dans le passé oui.

Que doit être l’avenir du SUA dans le futur ? Ce club formateur qui sort des joueurs qui essaiment ensuite dans le rugby français ?

Mathieu Lamoulie : Les dernières années en sont la preuve. Dans les années Blin – Reggiardo – Prosper, à chaque fois, la formation prenait le relais des mecs qui s’en allaient. Il y avait un roulement. Peut-être que ça s’est un peu perdu. Mais vu que le club n’a pas les moyens des plus grands, c’est sur cela qu’il faut s’appuyer. Depuis 25 ans, c’est la grande force du SUA. Ce que je souhaite, c’est que les jeunes aient envie de faire comme nous, qu’ils se lient à l’institution. Ce sentiment d’appartenance, ce n’est que par ça que passera le futur du SUA selon moi.

Antoine Erbani : L’arrivée de Sebastien Calvet envoie un bon message sur cela. Il s’est occupé de nous quand on était jeune. On sentait qu’il avait cette fibre, cet aspect professeur. Ce n’est donc pas étonnant qu’il ait eu des résultats avec les U20. On sort tout le temps des jeunes. On doit être fier de cela. Cette année encore, avec des jeunes qui sont bien plus prêts à jouer que nous l’étions à l’époque. C’est une grande fierté d’Agen et ça doit continuer à l’être.

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