INFO LA DEPECHE. Le patron de l'usine de paracétamol "100 % français" annonce le lancement de la production à Toulouse

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  • Ipsophène s'est établie au sein d'une structure désaffectée située sur le site Campus Santé du futur de Toulouse et qui accueille déjà l'Institut universitaire du cancer-Oncopole, les laboratoires Pierre Fabre et Evotec.
    Ipsophène s'est établie au sein d'une structure désaffectée située sur le site Campus Santé du futur de Toulouse et qui accueille déjà l'Institut universitaire du cancer-Oncopole, les laboratoires Pierre Fabre et Evotec. DDM illustration archives 2023 - MICHEL VIALA
Publié le , mis à jour

l'essentiel Jean Boher, le patron d'Ipsophène, la future usine de paracétamol "made in Toulouse", annonce l'embauche de 35 à 40 personnes et le lancement de la production en 2025. 

L’implantation d’Ipsophène, l’usine de paracétamol "100 % tricolore" (*) à Toulouse semblait au point mort. Jean Boher, le pdg de l’entreprise refusait toute demande d’interview afin de "préserver la confidentialité" autour de ce projet pourtant largement financé par des fonds publics (4,2 millions apportés par la Région).

A lire aussi : INFO LA DEPECHE. Toulouse en piste pour accueillir une nouvelle usine de production de paracétamol


L’expert-comptable de formation, passé par Newrest, le groupe d’Olivier Sadran affirme qu’"il n’y a aucun retard par rapport au calendrier initial". Les premières molécules de paracétamol devraient sortir des ateliers d’ici le premier semestre 2025. "Il y a eu un malentendu chez certains médias entre la fabrication de la chaîne de montage et la production. Il n’a jamais été question d’ouvrir l’usine dès la première moitié de l’année 2024", martèle le businessman.
Ipsophène s’est installé dans un bâtiment désaffecté de l’Oncopole. Des travaux d’aménagement sont en cours depuis novembre 2023. En parallèle, sur un autre site, les différents équipements et machines industrielles sont assemblés. "L’ensemble sera livré par semi-remorque, prêt pour une utilisation immédiate", détaille Jean Boher.

Process écolo ?

Lorsque Ipsophène aura atteint son rythme de croisière, elle produira 4 000 tonnes de paracétamol. Cette production représente environ 40 % de la consommation française et 7 % de la consommation européenne.

Le chef d’entreprise a obtenu de la société Ipsomedic, la licence d’exploitation d’une méthode de fabrication, semble-t-il, significativement plus écologique que le mode de production classique. Le patron d’Ipsophène s’en explique : "Historiquement, sept jours de traitement chimique étaient nécessaires pour obtenir un kilo de principe actif. Avec notre process, il faudra cinq heures. En termes de consommation d’énergie et d’impact carbone, cela n’a rien à voir ! Et surtout, nous réduirons la production de déchets par 33 comparativement à une unité de production standard. Une grande partie sera transformée en eau propre et en sous-produits. Le reste sera recyclé. Seule une quantité minime de déchets résiduels subsistera."
Ipsophène compte embaucher entre 35 et 40 employés en CDI d’ici la fin de l’année. "Le directeur d’usine a commencé sa mission en juillet 2023, c’est un spécialiste de la chimie pharmaceutique, avec une expérience notable dans les procédés continus. L’équipe a récemment été complétée afin de mieux superviser le chantier et de renforcer les capacités d’administration", rapporte Jean Boher. La phase de commercialisation devrait débuter au second semestre 2025, une fois le CEP (Certificat européen de pharmacopée) obtenu. La phase d’obtention dure quelques mois suivant la montée en charge de la production.

Ce projet industriel est-il viable ?

L’usine de paracétamol "made in Toulouse" est principalement financée par des capitaux privés et au moyen d’un prêt contracté auprès de la Banque Publique d’Investissement (BPI). "La Région a été la première à nous soutenir. Cela nous a permis d’accélérer la levée de fonds", confie Jean Boher, le pdg d’Ipsophène. Pour autant, le projet est-il viable ? L’usine toulousaine aura-t-elle les moyens de rivaliser avec la concurrence hors UE ?
Le patron de l’usine toulousaine se montre rassurant : "Nous avons d’ores et déjà conclu des accords avec différents laboratoires pharmaceutiques pour écouler notre production. Ils sont très intéressés par notre process industriel beaucoup moins polluant que celui de la concurrence. Notre coût de revient va également nous permettre de rester compétitif. Plus fondamentalement, on aura toujours la capacité de produire du paracétamol même s’il y a une rupture de chaîne d’approvisionnement quelconque depuis l’Asie parce que toutes nos matières premières seront d’origine française ou européenne. En prévision de nouvelles crises majeures, c’est un atout inestimable".
 

(*)Le premier projet garantissant 100 % de la production du principe actif en France, à partir de matières premières françaises ou européennes.

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Les commentaires (24)
LIRON Il y a 3 mois Le 19/02/2024 à 20:55

J'espère que cette usine ne terminera pas comme celle des masques en Ariège !

Olivier_Véreux Il y a 3 mois Le 19/02/2024 à 16:27

Il faudrait aller au bout du raisonnement.

Produire local, en respectant l'environnement, sera plus cher que d'importer les principes actifs de Chine. Mais comme c'est nécessaire à notre souveraineté, il faut faire avec.

Je rappelle d'ailleurs qu'en 2008, quand Rhodia a fermé la dernière usine produisant du paracétamol en France, pour cause de coûts de production moins cher en Chine, nos dirigeants politiques n'ont absolument rien fait. Le paracétamol ne faisait pas partie de notre identité nationale... Seuls les syndicats ont sonné l'alarme.

Pour "faire avec", il va donc falloir que les clients - les laboratoires pharmaceutiques français - achètent plus cher. C'est de cela que dépend notre indépendance. Car si l'on produit du paracétamol que personne n'achète ou (peu probable) s'il n'est acheté que par des entreprises étrangères, notre souveraineté n'aura pas progressé d'un iota.

Or, nous savons tous très bien qu'ils ne le feront pas. Ils n'achèteront pas plus cher sans compensation, actionnariat oblige. In fine, c'est donc le contribuable qui paiera. Et, de facto, c'est déjà le contribuable qui paie les usines (40% des 100 millions d'euros de celle de Roussillon). Demain, il y a fort à parier que c'est le contribuable qui paiera une partie des commandes.

La souveraineté par la réindustrialisation ne consiste pas à vanter des projets d'usine. C'est une vision d'ensemble qui doit reposer sur le développement et le maintien des savoir-faire, sur la valorisation du made in France (et pas que symbolique), sur une clarification des secteurs stratégiques et de la participation de l'État dans notre économie (dont on nous expliquait il y a peu encore que c'était le mal absolu)...

masdazil Il y a 3 mois Le 19/02/2024 à 16:43

" le maintien des savoirs-faire"
Vous avez bien raison.
J'ajoute que le savoir-faire n'est pas un ensemble de compétences figées dans le temps.
Ce savoir-faire doit suivre constamment l'évolution des sciences et des techniques.
Cela me fait penser au recul de l'âge de départ à la retraite. Les séniors dans la majorité des entreprises ne veulent pas ou ne peuvent pas suivre ce changement.
Cela plombe tout projet de souveraineté et nous place dans un état de forte dépendance.
Le poids de l'expérience pèse de moins en moins depuis que le monde s'est engagé dans la troisième révolution industrielle, celle des techniques numériques.
Bonne soirée.

Nameno Il y a 3 mois Le 19/02/2024 à 12:33

Bravo ! Voilà une belle nouvelle.