Roméo Mivekannin, cet artiste toulousain dont les œuvres ont été acquises par le Quai Branly

  • L'artiste béninois Roméo Mivekannin est installé à Toulouse depuis quinze ans.
    L'artiste béninois Roméo Mivekannin est installé à Toulouse depuis quinze ans. DDM - NATHAN BARANGE
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l'essentiel L'artiste béninois, arrivé à Toulouse il y a quinze ans, s'attache à peindre les corps noirs avec un nouveau regard. Son portrait de son arrière-grand-père, dernier roi du Dahomey, a été acquis par le Quai Branly en 2023.

Assis dans son grand manteau noir à une table du café Concorde à Toulouse, Roméo Mivekannin, un artiste installé à Toulouse depuis quinze ans, a tout d'abord des airs de grand timide. Peu de sourires et peu de mots. Pourtant, les langues se délient autour d'un sujet : sa passion pour l'art. La peinture, la sculpture, le dessin. Mais aussi, autour de ses origines. L'artiste est l'arrière-petit-fils du dernier roi du Dahomey, ce pays disparu pour devenir le Bénin.

Arrivé en France alors qu'il était enfant, c'est ici qu'il trouve une photo de son arrière-grand-père, Béhanzin. "Je n'avais jamais vu son visage. En Afrique, il était interdit de prendre la photo d'un roi, puisqu'il est assimilé à Dieu", explique Roméo Mivekannin. Le Béninois a su remonter la piste de ses origines. Ce dernier souverain du royaume africain avait subi un exil forcé par les colons français. "Même mes parents n'y croyaient pas", explique-t-il.

Cette photo, il a fini par la peindre. Le portrait appelé Béhanzin à bord du Ségon a été acquis, en 2023, par le musée du Quai Branly, à Paris. Au travers de ce portrait mais aussi du reste de ses œuvres, Roméo Mivekannin a trouvé une manière de représenter l'histoire sous un nouveau regard et notamment celui porté sur les corps noirs. "Il y a, dans l'art, un côté politique ou au moins une volonté de dialoguer avec le monde. Je voulais enlever les clichés sur les corps noirs, toujours postés en position de soumission sur les peintures. Je veux qu'ils deviennent des sujets." 

Toulouse, une ville d'adoption

C'est en partant du Bénin pour venir en France avec ses parents que Roméo Mivekannin a découvert le racisme : "J'ai appris que j'étais noir en arrivant à Luchon. En Afrique, la question ne se posait pas. C'est le regard des autres qui fait qu'on est noir." Et toute la fierté, qu'il avait de sa descendance royale, s'est alors transformée en une sorte de "déchirement" lors de son arrivée dans le pays qui avait fait exiler son arrière-grand-père. 

"Je pense que l'art s'impose quand on a vécu un traumatisme… Je n'ai pas encore vraiment identifié le mien mais je me suis évidemment posé beaucoup de questions sur mon identité quand je suis venu ici." Aujourd'hui, Toulouse s'est imposé comme sa ville d'adoption. C'est ici qu'il court le long de la Garonne pour trouver l'inspiration, qu'il chine les draps sur lesquels il peint, qu'il a son atelier situé dans le quartier de Saint-Cyprien.

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Diplômé de l'école d'architecture de Toulouse, situé au Mirail, Roméo Mivekannin vit désormais de son art, entre la Ville rose et le Bénin. "Je ne fais malheureusement pas d'exposition en Occitanie mais je prépare des expositions au Mucem à Marseille, à Bâle et à Paris pour cette année 2024."

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