Colère des agriculteurs : "Nous sommes les cocus de l’Europe"

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  • Jean-Pierre Alaux s’adresse aux manifestants lors de l’action de la semaine dernière. Photo DDM, Gladys
    Jean-Pierre Alaux s’adresse aux manifestants lors de l’action de la semaine dernière. Photo DDM, Gladys
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Gladys Kichkoff

l'essentiel Les représentants de la profession agricole – FDSEA, Jeunes Agriculteurs et syndicat des vignerons – ont rencontré le préfet de l’Aude.

Pour Jean-Pierre Alaux, "le compte n’y est pas". C’est ce que ne cesse de marteler le président de la FDSEA (Fédération départementale du syndicat des exploitants agricoles). Et il ne s’est pas privé de le dire au préfet Christian Pouget, qui l’a reçu, dimanche en fin d’après-midi, accompagné de son vice-président Jérôme Barthès, de Fabien Marescal, alors président des Jeunes agriculteurs – il a depuis cédé sa place –, Frédéric Rouanet, chef de file du syndicat des vignerons, et Philippe Vergnes, président de la chambre d’Agriculture.

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"Nous sommes les seuls à laver aussi blanc"

Le compte n’y est donc pas et à bien écouter et entendre ces professionnels de l’agriculture, si un pas est certes fait, il en reste encore d’autres à faire. Face au représentant de l’Etat, J.-P. Alaux a abordé d’emblée les sujets qui fâchent, ainsi commentés : "Le plan écophyto et Natura 2000, on n’en veut pas". Et aussitôt de remettre au représentant de l’Etat le fameux dossier Natura 2000 qui, dans l’Aude, ne concerne pas loin de la moitié des terres arables du département. Un retour à l’envoyeur qui, selon le syndicat, n’a pas surpris le préfet : "Avoir un Natura 2000 punitif pour produire, non !" Idem pour le plan écophyto. Et de revenir sur le blocage, à Castelnaudary, de la Socamil, plateforme logistique d’E. Leclerc.

"Qu’avons-nous vu dans les produits frais ? 10 % de fruits et légumes produits en France. C’est le commerce, sauf qu’il n’y a, dans les produits proposés à la ménagère, aucune garantie, aucune traçabilité puisqu’ils n’ont pas été produits avec les normes qui nous sont imposées à nous. Le plan écophyto est une supercherie. Il a créé des emplois dans l’administration pour nous contrôler, mais au final, nous sommes les seuls à laver aussi blanc, toujours plus blanc que blanc, nous sommes cocus et les consommateurs sont pris pour des imbéciles ! On se sert de cette notoriété française pour commercialiser des produits venus des quatre coins du monde, c’est inacceptable", s’agace le responsable agricole.

"On veut travailler comme nos voisins espagnols ou italiens"

Patrick Coll, agriculteur à Belpech, confie son incompréhension. "Pour le blé dur ou tendre, nous utilisons des fongicides pour que nos produits répondent aux normes alimentaires en termes de qualité française". "Nous avons en France 288 matières actives utilisables, il y en a plus de 430 en Europe. On veut travailler comme nos voisins italiens et espagnols. Qu’on nous l’accorde et je suis sûr que beaucoup de tracteurs feront demi-tour", confie M. Alaux.

L’eau, "c’est vital pour nous"

Abordé avec le préfet, le crucial sujet de l’eau. "Vu le nombre croissant de population accueillie chaque année en Occitanie, on ne voit plus notre avenir d’irrigant. Il nous faut absolument cette réserve d’eau dont on parle depuis plus de 20 ans : le barrage de Charlas. C’est vital pour tous". Tout en ne comprenant pas le temps mis pour annoncer des mesures en faveur de la viticulture, Jean-Pierre Alaux réclame, pour l’Ouest audois, un soutien à la trésorerie avec un prêt à taux zéro sur 7 ans garanti par l’Etat, de 800 à 1 000 € l’hectare. "Nous le réclamons depuis fin juillet. Nous en avons besoin. C’est le plus urgent. Nous ne lâcherons rien. Le manque d’argent est en partie la cause du mal-être agricole. L’autre cause, ce sont les contrôles à répétition par l’administration et ces imprimés qui, selon eux, ne sont jamais bien remplis non plus. On est traités en permanence comme des tricheurs".

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Les commentaires (1)
trema32 Il y a 3 mois Le 01/02/2024 à 18:51

Dérèglement climatique + baisse de la consommation de vin, et le type veut continuer à produire la même chose de la même façon qu'il y a 50 ans. Faudrait qu'il se remette en cause un peu !