Coups, insultes, jalousie maladive : chronique d’un couple "toxique" au tribunal de Montauban

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  • Les disputes et bagarres avaient souvent lieu devant les enfants.
    Les disputes et bagarres avaient souvent lieu devant les enfants. illustration Pixabay
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l'essentiel Ce mardi, deux trentenaires mariés ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Montuaban pour des violences conjugales réciproques commises à Castelsarrasin.

Ils se sont aimés avant de se déchirer pendant plusieurs années. Ce mardi, le tribunal correctionnel de Montauban a étudié un dossier de violences conjugales réciproques commises au domicile familial de Castelsarrasin, entre janvier 2021 et mars 2023. Des coups, des insultes ont ainsi fusé entre deux trentenaires, bien souvent devant les enfants. Le 17 mars, un fait d’une banalité affligeante met le feu aux poudres. « C’est parti pour rien ! J’ai voulu manger mon yaourt sur le canapé et elle m’a fait des reproches sur le débrasage de la table. On en est venus aux mains pour ça », explique Gary à la barre. « Avec lui, il fallait être dans la soumission tout le temps, il n’aimait pas les réflexions », rétorque Prescillia. Dès lors, la tension ne redescendra plus. Jusqu’au lendemain où la jeune femme s’en prend à son mari avec un manche à balai, en le suppliant d’appeler les forces de l’ordre qui remarqueront vite des marques antérieures de violences sur Prescillia qui tient leur bébé dans les bras. Elle fera l’objet de 4 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Et 3 jours pour Gary qui apparaît « épuisé ».

Mari et femme reconnaissent les coups de poing ou de pied, le tirage de cheveux, les phases de tête contre tête ou d’étranglement et cette jalousie maladive qui s’est immiscée dans leur couple. Prescillia évoque aussi des violences sexuelles, un époux qui lui monte dessus et lui tient les bras pour avoir le temps de « finir ». Aucune plainte n’a jamais été enregistrée et cette qualification n’a pas été retenue. « J’aurais pu dénoncer ces violences dès la première claque et les rendez-vous que j’ai pris chez des professionnels m’ont permis de prendre conscience qu’il fallait partir. » « C’était difficile ? », interroge la présidente. « Oui, répond Prescillia en larmes. J’avais peur de devoir le dénoncer et qu’il prenne quelque chose face à la justice. » « Avez-vous conscience que votre comportement est aussi répréhensible que le sien ? », poursuit Virginie Baffet. « Oui. Mais avec le temps, je me suis défendue. »

« L’auteur de son propre drame »

À ses côtés, Gary est droit comme un I dans son col roulé blanc. Il est calme, s’exprime parfaitement. « Je ne voyais pas ma vie comme ça… On était dans une relation toxique et c’est cette relation qui fait qu’on en est arrivés là. On a été incapables de se séparer mais aujourd’hui, je n’ai aucune animosité envers elle. Je pense surtout à ma fille », explique cet homme dont le casier affiche une seule mention pour consommation de stupéfiants.

Après avoir dépeint ce « couple dysfonctionnel », la procureure Manon Noël regrette « l’absence de recul et de réflexion de Madame ». « Il ne faut pas seulement se victimiser : vous n’avez pas commis que des violences de défense. Quand on ne s’entend pas et qu’on ne s’aime plus, il faut se séparer », lance celle qui requiert 6 mois de prison avec sursis simple de 5ans et des peines complémentaires comme la participation à un stage de sensibilisation sur les violences conjugales.

L’avocate de Prescillia entend. « Quand on est intoxiqué, on n’a plus la même vision des choses. Et on arrive à un tel paroxysme que la seule façon dont l’autre tient sa petite cuillère devient un déclencheur », observe Me Catherine Marty-Holder. Dans une plaidoirie aussi rapide qu’efficace, Me Amélie Piazzon relève que son client « ne banalise pas les faits ». « Il a compris qu’il aurait dû s’extraire de ce contexte dans lequel il ne se maîtrisait plus. Il a été l’auteur de son propre drame. »

Gary et Prescillia sont condamnés à 6 mois de prison avec sursis et un stage à accomplir. Prochaine étape : le divorce et fixer les modalités de la garde de leur bébé. Ce qui s’annonce encore compliqué.

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